Dans ce roman, deux intrigues tissent leurs toiles, nouent leurs nœuds, la gageure est de trouver une extrémité de chaque fil et de tenter de le dérouler jusqu’à trouver l’autre extrémité.
Tout d’abord le fil d’Angel : son retour en France est comme un retour aux sources, une mise au point pour appréhender cette dernière partie de son existence. Angel se penche sur son passé de grand séducteur. Cet adepte de l’amour du plaisir sensuel, quels qu’en soient les risques, n’aurait-il pas oublié ce qui est plus important… l’Amour lui-même ? Car il est toujours seul aujourd’hui, avec ses souvenirs voluptueux, mais sans ancrage dans une vraie relation, d’aussi loin qu’il s’en souvienne. Le fil de la disparition de l’ancien locataire : parti en mer sur une petite barque un jour de
novembre l’année précédente, il n’a plus donné aucun signe de vie. Que lui est-il arrivé ? Quelques traces de lui, des livres, des vêtements, des ustensiles de cuisine, restent dans l’appartement. Il était journaliste d’investigation apparemment, il avait peut-être même des liens avec d’anciennes affaires politiques… le mystère demeure. Cette intrigue, tissée avec brio, ponctue la nouvelle vie d’Angel de soupçons, d’inquiétude, de danger aussi et d’interrogation sur ce mystère que certains sur l’île taisent ou évoquent avec prudence.
Toujours avec une plume si particulière, sensible, chaleureuse et poétique, Alain Arnaud – un auteur que j’apprécie tout particulièrement – nous emmène sur l’île de Porquerolles où l’on y ressent la chaleur de cet été, les odeurs iodées du bord de mer et celles des chemins sous les pins, ainsi que la douceur des soirs lorsque la plupart touristes ont regagné le continent. Il nous offre un personnage central attachant, complexe et simple à la fois (et ce n’est pas péjoratif bien sûr) qui s’interroge sur le bien-fondé de l’Amour, entre la signification qui était la sienne plus jeune et celle, plus profonde, qu’il a oublié en chemin et qui se rappelle à lui à présent. Les personnages de Marjorie et Laura, représentent peut-être cet aspect relationnel qu’il a oublié de concevoir. Sauront-elles l’aiguiller vers la confiance en l’autre et le don de soi ? Sans oublier ce cher Paulo le marin, l’oreille et la langue de l’île que le Ricard délie jusqu’à fleurer bon l’amitié.
Il ne vous reste plus qu’à embarquer, à votre tour, à bord de ce nouveau roman, rejoindre l’île de Porquerolles et vous glisser dans la vie d’Angel, de Laura, de Paulo et des autres… Plaisir assuré.
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